Nature sublime de l’Islam

« Allah! Point de divinité que Lui! Il possède les noms les plus beaux. »

(Coran, Tâ-hâ, 20 :8)

Depuis l’époque d’Adam où la religion originelle lui fut révélée, toutes les religions, à travers l’histoire de l’humanité, ont possédé la même nature intrinsèque. Les seuls changements d’ordre religieux qui eurent lieu l’ont été au regard des lois sociales, au moment où les communautés humaines ont demeuré dans un processus continuel de développement. Cependant, ces changements ne se rapportèrent pas à la nature même de ces croyances ; par conséquent, toutes les religions révélées depuis l’époque d’Adam, le premier homme et le premier prophète (que la paix soit sur lui), jusqu’à l’avènement de Muhammad, le dernier prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix), eurent essentiellement les mêmes origines que l’islam.

Abû Hurayra rapporte :
J’ai entendu le Messager d’Allah dire :
« Je suis, parmi les hommes, le plus rapproché du fils de Marie. Les prophètes sont les enfants d’un même père et de mères différentes. Entre Jésus et moi, il n’y a pas eu de prophète. (Bukharî, volume 4, livre 55, N° 651)

Par conséquent, penser que l’islam ne se limite qu’au Coran est une fausse appréciation, car l’islam contient en sa propre essence toutes les religions antérieures révélées par Allah le Très-Haut.

Il est évident que le terme religion signifie dans ce contexte sa forme originelle avant que les hommes ne la dénaturent de manière significative ; le Coran confirmant ce fait par le verset suivant :
« Certes, la religion acceptée par Allah, c’est l’islam (soumission à Sa volonté). Ceux auxquels le Livre a été apporté ne se sont disputés, par agressivité entre eux, qu’après avoir reçu la science. Et quiconque ne croit pas au signe d’Allah, alors Allah est prompt à demander des comptes. » (Coran, Al-Imran, 3 :19)
Ce verset confirme aussi que l’islam est l’unique solution aux problèmes de l’humanité. Nous nous référons à l’injonction coranique qui met en évidence le fait que c’est effectivement dans ce contexte que se trouve le salut offert dans ce monde et dans l’autre.

Le verset coranique suivant clarifie davantage cette réalité :
« Et quiconque désire une religion autre que l’islam ne sera point agréé et il sera, dans l’au-delà, parmi les perdants (de toutes les bénédictions spirituelles). » (Coran, Al-Imran, 3 :85)

Ainsi donc, l’islam est une religion qui a subi une révélation continuelle depuis Adam (que la paix soit sur lui) jusqu’à Muhammad le dernier prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix). L’islam s’est perfectionné tout au long des diverses époques de l’histoire humaine jusqu’à trouver, dans le Coran, son expression la plus parfaite.

Nous pouvons donc résumer l’islam en deux principes :
1) La foi (Imân) : croire sincèrement aux cinq fondements majeurs de l’islam.
2) Les bonnes actions (‘amal al-salîh) : accomplir d’une foi sincère toutes les bonnes actions demandées par Allah.

L’islam pratiqué sous ces deux principes est alors en mesure d’organiser notre vie et nos pensées en nous conduisant sur une voie équilibrée. L’islam est un chemin qui conduit le croyant vers Allah en reliant la logique, l’ouïe, la langue et le cœur à la lumière divine. Si les beautés inhérentes à l’islam devaient tomber sur un morceau de pierre, elles se changeraient aussitôt en sol fertile. En revanche, le cœur des individus éloignés de l’islam devient dur comme le roc. Seul l’islam a la capacité de l’adoucir et de le guérir. L’islam parfait la vie intellectuelle et quotidienne des hommes en les dégageant des ténèbres pour les mener à la lumière. Ceux qui embrassent l’islam s’élèvent des plus basses conditions jusqu’aux plus hauts sommets, car l’islam possède la capacité de transformer un homme ordinaire en un être parfait. L’islam réalise ainsi cette transformation spirituelle en permettant à l’homme de retourner à sa condition première.

L’islam est un vêtement de conseils qu’Allah a étendu pour toute l’humanité. Ceux qui se soumettent à Lui sont en mesure de surmonter leur condition mortelle afin d’atteindre l’élixir de l’immortalité. Etant considéré comme les plus grands serviteurs, Allah fit venir tous les prophètes à cette condition : « Soumettez-vous ! » Et ils répondirent à tour de rôle : « je m’abandonne au Seigneur des mondes. »

Cette vérité est mentionnée dans le Coran à travers la personnalité du grand prophète Abraham (que la paix soit sur lui) :
« Quand son Seigneur lui avait dit : « Soumets-toi ! Il répondit : Je me soumets au Seigneur de l’univers. » (Coran, Al-Baqara, 2 :131)

Cette soumission se réalise en expérimentant l’intimité d’Allah au moyen de la mention de Ses noms. En réalité, l’aspiration de toute forme d’adoration consiste à parvenir à la connaissance et à l’amour d’Allah.

Un jour, dans une mosquée, un prédicateur parla de la mort et de ses conséquences. Il donna des explications relatives aux questionnements que beaucoup se posaient au sujet de la période survenant après les funérailles, comme par exemple : qu’as-tu fait de ta vie ? Qu’as-tu fait de ta richesse et de ta santé ? As-tu mis en pratique ce que tu as appris ? As-tu suivi les commandements de l’islam et t’es-tu tenu à l’écart de ce qui était proscrit ? Durant son sermon, il mit davantage l’accent sur les détails en omettant d’évoquer ce qui constitue son principe premier.

Parmi les auditeurs se trouvait Shiblî, le grand maître soufi. Afin de rappeler au prédicateur l’essence de cette réalité, il l’interpella en ces termes :
« Ô prédicateur ! Tu as omis de mentionner la question la plus importante : celle qu’Allah demandera à Ses serviteurs dans l’au-delà. Ô mon serviteur ! Dira t-Il, tout le temps, J’étais avec toi  ; et toi, avec qui étais-tu ? »

Fondé sur cette considération, l’islam est à même de diriger une existence tout en y percevant continuellement la présence d’Allah :
« Et Allah observe parfaitement ce que vous faites. » (Coran, Al-Hâdîd, 57 : 4)

Le bien-être de la terre et du ciel dépend de notre obéissance envers Allah. Quand cette dernière fait défaut, la colère d’Allah est prompte à descendre sur nous :
« La corruption est apparue sur terre et dans la mer à cause de ce que les gens ont accompli de leurs propres mains ; afin qu’Allah leur fasse goûter une partie de ce qu’ils ont œuvré, peut-être reviendront-ils (du mauvais chemin qu’ils ont suivi). » (Coran, Ar-Rûm, 30 : 41)

Ce verset signifie substantiellement que le fait d’abandonner l’islam provoque la corruption au sein de l’harmonie naturelle des choses. Dans ce contexte précis, les désastres naturels sont perçus comme des avertissements annoncés pour qu’un retour tangible à l’islam puisse s’effectuer. Celui qui est doué de perspicacité peut discerner la différence entre le Créateur et Sa création ; pareil à un regard personnel sur la forme extérieure alors qu’il y perçoit également sa forme intérieure. Ainsi, il est en mesure de comprendre les réalités de ce monde comme s’il se rappelait l’au-delà. Il regarde fixement vers les cieux infinis comme s’il vivait dans le souvenir constant de la majesté divine qui se devine derrière lui. En tant que serviteur, il connaît sa faiblesse et ne cesse de se conduire comme tel. Pendant son voyage vers le monde éternel, Allah lui accorde la grâce de connaître Ses divins secrets ; ce serviteur, saisi d’un ardent désir, tombe en prosternation devant son Seigneur.

En ce sens, le but de la création est réalisé et le serviteur acquiert un bonheur éternel tel qu’il est mentionné dans le verset coranique suivant :
« Et puis, quiconque Allah veut guider, Il lui ouvre la poitrine à l’islam. » (Coran, Al-An’âm, 6 : 125)

Néanmoins, ce verset continue en affirmant que d’autres pans de Sa création fuient loin de Sa miséricorde :
« Et quiconque Il veut égarer, Il rend sa poitrine étroite et gênée comme s’il s’efforçait de monter au ciel. Ainsi Allah inflige Sa punition à ceux qui ne croient pas. » (Coran, Al-An’âm, 6 : 125)

En bref, le salut de l’humanité en islam n’est seulement réalisable que selon la parole du Prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) à ce sujet : « Quiconque agrée Allah comme son Seigneur, l’islam comme religion et Muhammad comme prophète a goûté à la douceur de la foi et Allah lui donnera le Paradis en récompense. » (Abû Dawud, Salât, 36 ; Tirmidhî, Salât, 42)

Le terme « islam » provient de la racine « silm » et « salam » qui signifie paix, soumission, pureté et sincérité. La première sourate du Coran, Al-Fatiha, résume la nature profonde de l’islam. Selon cette sourate, l’islam permet à l’humanité de saisir les récompenses d’Allah en suivant le droit chemin et sans que Sa colère ne puisse s’abattre sur les hommes :
« Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Louange à Allah, Seigneur de l’univers.
Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,
Maître du Jour de la rétribution.
C’est Toi que nous adorons, et c’est Toi dont nous implorons secours.
Guide-nous dans le droit chemin,
Le chemin de ceux que tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés. »
(Coran, Al-Fatiha, 1 : 1-7)

Ainsi, l’islam remplit équitablement les besoins inhérents à la foi et à la raison en protégeant l’homme de ce qui peut nuire à son existence et à ses biens ; l’islam protège également la santé des plus jeunes générations.

Les avantages intrinsèques à l’islam peuvent être résumés comme suit :

– La foi la plus admirable : L’islam offre le meilleur exemple de foi en protégeant l’honneur de l’homme des croyances hérétiques, comme par exemple l’adoration des idoles.

– l’islam éduque l’âme humaine par les actes d’adoration : Les diverses formes d’adoration en islam s’adressent aussi bien à l’âme qu’au corps ; leur accomplissement implique nécessairement ces deux dimensions propres à l’être humain. Par conséquent, tous ceux qui s’acquittent de leurs devoirs islamiques vivent alors ici-bas de manière paradisiaque.

– l’islam est une religion de miséricorde : L’islam s’efforce de mener l’homme à la félicité et à la miséricorde d’Allah. Bien que la plupart de ces actes méritent d’être punis, Allah le Très-Haut donne cependant l’assurance que Sa miséricorde a précédée Sa colère. Abû Hurayra relate que le Prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) a dit : « lorsque Allah eut terminé l’œuvre de la création, Il écrivit sur Son livre qui se trouve par devers Lui, au-dessus du Trône : « Certes, ma miséricorde l’emporte sur ma colère ! » (Bukharî, volume 9, livre 93, N°501)

La « basmalah » mentionnée à chaque début de sourate implique, de ce fait, les noms particuliers d’Allah qui éclairent Ses attributs de miséricorde : «  Au nom d’Allah, le plus Compatissant, le plus Miséricordieux ». Ces deux attributs sont également mentionnés au second verset de la première sourate du Coran :
« Toute louange est due à Allah, le Seigneur de l’univers, le plus Compatissant, le plus Miséricordieux. » De même, les deux premiers versets de cette même sourate nous informe que consécutivement à Sa miséricorde, Allah nous a enseigné par le Coran :
« Le Tout Miséricordieux. Il a enseigné le Coran. » (Coran, Ar-Rahman, 55 : 1-2)

De plus, ces versets expriment le fait que tout le contenu du Coran est une miséricorde pour l’humanité. Dans la sourate « Isra », cette réalité est clairement définie :
« Nous faisons descendre du Coran (étape par étape) ce qui est une guérison et une miséricorde pour les croyants. Cependant, cela ne fait qu’accroître la perdition des injustes. » (Coran, Al-Isra, 17 : 82)

Toutefois, le Coran n’est pas considéré comme l’unique source de miséricorde pour l’humanité, car il faut y associer le Prophète de l’islam qui l’a transmis :
« Et nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers. » (Coran, al-Anbiya, 21 : 107)

En fait, cette réalité a fait ses preuves dans la vie du Prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix), étant donné qu’il n’a jamais maudit ceux qui lui ont fait du tort. Pourtant, on avait essayé de le lapider à Taif et ses blessures le rendirent ensanglanté. Des anges, dont Gabriel (sur lui la paix), vinrent à sa rencontre et lui dire que, s’il le leur ordonnait, ils étaient prêts à anéantir les habitants de cette ville. Malgré le mauvais traitement que ces derniers lui avaient infligés, le Prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) refusa en disant : « Je suis le prophète de miséricorde et je ne peux désirer une chose pareille. » Qui plus est, il invoqua Allah en leur faveur pour qu’ils puissent être bien guidés et vivre en toute quiétude.

Par conséquent, nous pouvons déduire que la miséricorde est sans conteste le premier fruit de l’islam.

Les amis d’Allah qui suivent cette règle d’or résument l’action de servir Allah en deux principes :

1. Ta’zîm li amrillah : exécuter respectueusement les ordres d’Allah.
2. Shafkat li halkillah : manifester de la miséricorde à l’égard de la création d’Allah.

– L’islam est une religion de raison : Bien que l’islam ne soit pas le produit de l’intelligence humaine et de la logique, ajouté que la religion et le discernement sont des dons du Créateur, il n’y a donc aucune raison pour que celles-ci soient de nature exclusives. Ainsi, l’islam guide la raison humaine vers les conditions les plus essentielles et les plus productives afin que l’homme puisse mener une vie équilibrée sans pour cela tomber dans l’extrême. En d’autres termes, la raison humaine a la possibilité de trouver sa pleine expression dans la croyance en l’unicité d’Allah et nous conjure, dans le Coran, d’utiliser notre logique et nos facultés rationnelles : « Afala ta’qilun ? » (Pourquoi n’utilisez-vous pas votre intellect ?)

Le prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) nous invite également à utiliser notre raison pour réfléchir sur le but de la vie. Comparant la récompense liée à l’adoration et à la contemplation, il a dit : « une heure de contemplation vaut mieux que soixante années d’adoration. »

La raison humaine a été créée comme un moyen de prendre l’homme et de le diriger vers Allah, étant elle-même l’interprète des réalités divines.

– L’islam est une religion d’amour : La seule rationalité est insuffisante pour guider l’homme vers les réalités divines ; au contraire, prise de manière individuelle, elle le traîne dans un puits de doutes. Par conséquent, il est nécessaire à la raison d’être soumise à la règle de l’amour et de l’éclaircir par le biais de cet amour. Djalal-ud-Dîn Rumî (qu’Allah bénisse son secret) a dit :
« Celui qui est béni et familier (des mystères spirituels) sait que l’intelligence vient d’Iblis et que l’amour vient d’Adam. » (Mathnawî, III, 1402)
« L’amour est comme un bateau que l’on favorise : la calamité arrive peu souvent (le résultat) : pour la plupart du temps, il est délivrance. » (Mathnawî, III, 1406)

Tous ces individus, à l’instar des philosophes, qui se fient à leur seule intelligence pour les guider deviennent en fait esclaves de leurs passions. Ils sont les serviteurs de ce que leurs yeux voient et de ce que leurs oreilles entendent, sans se rappeler réellement l’objet de leur dissimulation. L’intelligence doit connaître Allah par le biais de l’amour, alors que prise indépendamment, elle n’est qu’un instrument par le moyen duquel l’amour parvient au Créateur.

L’amour engendre le sacrifice. Un croyant qui aime véritablement son Seigneur doit être en mesure de renoncer à sa vie sur le chemin d’Allah. Les compagnons du Prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) ont tout sacrifié sur ce chemin et ont atteint de la sorte la place la plus éminente dans toute l’histoire de l’humanité. Toutes les fois où le Prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) leur faisait une requête, ils répondaient unanimement : « Mon père et ma mère ont été sacrifiés pour toi. »

En conséquence, l’islam est une  « religion du cœur » plutôt qu’une religion dite rationnelle parce qu’elle propose originellement d’atteindre le cœur de l’homme. C’est également « une religion d’équilibre » qui implique le plus grand aspect fondamental de cette croyance, à savoir l’équilibre existant entre les deux mondes. Etant donné qu’Allah a créé cet univers dans une parfaite harmonie, l’islam a fourni de manière analogue une voie équilibrée dans la vie de l’homme. L’islam a apporté l’équilibre entre ce bas monde et l’autre, entre le corps et l’âme, entre l’homme et la femme, entre le riche et le pauvre, entre le citoyen et le dirigeant, entre la matière et l’esprit. Grâce à l’islam, ce qui semblait s’opposer est devenu complémentaire. L’islam n’ignore pas l’autre monde au profit de ce monde d’ici-bas, ou le corps au profit de l’esprit ; en définitive, il supprime le conflit qui existe entre eux et y établit l’harmonie. A l’aide de ces ailes, l’homme peut enfin s’envoler vers des mondes plus élevés.

– L’islam est une religion de connaissance et de sagesse : L’islam n’est pas une religion digne de l’ignorant, mais elle est la dernière et la plus parfaite des religions révélées ; son but est de combattre l’ignorance. En outre, le Coran affirme que la connaissance est la plus importante condition pour demeurer un croyant pieux et digne :

« Parmi les serviteurs, seuls les savants craignent Allah. Allah est, certes, Puissant et Pardonneur. » (Coran, Al-Fâtir, 35 : 28)
Le Prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) a dit :
« La supériorité du savant par rapport à l’adorateur est comme ma supériorité par rapport au moindre d’entre vous. » (Abû Dawud, ‘Ilm, 1)

Pour autant, l’islam unit la connaissance et la sagesse ; la connaissance sans sagesse nuit plus à l’humanité que les bénéfices qu’elle pourrait en tirer. Par exemple, les connaissances en médecine, sans y intégrer la sagesse, peuvent être utilisées pour tuer plutôt que pour guérir. C’est la raison pour laquelle le Prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) avait lancé cette mise en garde : « Quiconque augmente sa connaissance sans augmenter son ascétisme et sa crainte d’Allah s’éloigne lui-même de Lui. » (kanz al-Irfân, 62)

– L’islam est une religion de haute moralité : L’homme a été envisagé pour être le zénith de la création ; il est le lieutenant d’Allah sur terre. Bien qu’il ait été créé (spirituellement) hors de la terre, Allah lui a insufflé Son esprit dans son corps. Le Saint Coran attire notre attention sur ce fait en nous avisant qu’il ne faut pas permettre à nos bas instincts d’envenimer notre âme. Il nous conseille également de la purifier des vices et de se rapprocher d’Allah avec un cœur sain. Nous trouvons chez le Prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) l’exemplarité de ce propos, car il est celui qui a achevé la « grande résolution » en ayant atteint le sommet de la moralité.

Il a même affirmé que l’un des objectifs principaux de sa mission prophétique était de révéler les plus parfaits exemples de moralité :
« Je n’ai été envoyé que pour parfaire la noblesse des caractères. » (Muwatta, al-Hulk, 7)
Le Saint Coran aussi témoigne de ce fait et le loue en ces termes :
« Et tu es, certes, d’une moralité éminente. » (Coran, Al-Qalam, 68 : 4)

Les compagnons du Prophète ont également témoigné de sa pudeur ; il était certes plus pudique qu’une jeune fille vierge. Afin d’éclaircir la signification de la pudeur, il disait :
« La foi et la pudeur vont toujours de pair : l’absence de l’un implique l’absence de l’autre. » (Suyutî, Jâmiu’s-Saghîr, I, 53)

Dans les paroles suivantes, Jalâl-ud-Dîn Rumî (qu’Allah bénisse son secret) met en lumière l’importance de la notion de « hayâ » (ressentir de la pudeur en face d’un péché commis) dans sa relation avec la foi :
« J’ai demandé à mon esprit, qu’est-ce que la foi ? Mon esprit répondit à mon cœur : la foi n’est rien, mais la bonne conduite (adab) est tout ; donc, ceux qui n’ont pas d’adab sont davantage éloignés de la miséricorde d’Allah. »

– L’islam est une religion de bonté et de bon comportement : D’après le Prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix), la bonté, dont le sens approprié n’est guère significatif pour la plupart des gens, sera toutefois un critère tangible le Jour du Jugement. Le Messager d’Allah (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix), dont les aspects de sa vie demeurent supérieurs par son exemplarité, nous a laissé les meilleures références dans ce domaine. Ainsi, il mettait parfois en garde ses compagnons qui avaient commis un péché ; sa méthode consistait à les corriger sans pour autant les insulter. Au lieu de s’adresser directement aux fautifs, il s’adressait directement aux gens : « J’ai remarqué que quelques personnes ont agi de telle ou telle façon », ou bien il introduisait le sujet de telle manière à ce que l’identité des fautifs ne soit pas découverte.

– L’islam est une religion de justice : l’un des concepts fondamentaux sur lequel l’islam insiste régulièrement est celui du droit et de la justice. Conformément à ses préceptes, le péché le plus inexcusable, excepté le fait de donner des associés à Allah, est celui de violer les droits d’autrui. Le Prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) traversait la plus sombre période de sa maladie ; celle qui allait le conduire à la mort. Pourtant, il avait insisté sur le sens à donner sur les droits d’autrui en allant personnellement à la mosquée. Là, il avait demandé que tout droit non respecté devait être promptement réglé. Il a dit à cette occasion : « Ô mes compagnons ! Si, par erreur, je vous ai pris quelque chose, voici tout ce que je possède, prenez-le. Si, par erreur, j’ai frappé le dos de l’un d’entre vous, voici le mien. Qu’il me frappe à son tour et qu’il prenne ainsi sa revanche. » (Asım Köksal, Islam Tarihi v. II, p.38)

Le concept islamique de justice, ainsi fondé, est parvenu au summum de la perfection et a rempli d’admiration tous ceux qui l’ont étudié. Après avoir examiné tous les systèmes de lois, le philosophe français Lafayette, qui avait eu un rôle significatif dans l’élaboration idéologique de la Révolution française, s’exprima ainsi : « Ô Muhammad ! Nul autre, parmi les gens, n’a pu atteindre le niveau de justice que tu as exercé . »

L’histoire de l’islam est remplie de toutes sortes d’anecdotes prouvant la place qu’occupe la justice au sein des sociétés islamiques :
«  Un jour, un homme apporta un cheval du marché. Bien que l’animal était jeune et fort, il mourut trois jours plus tard. L’homme qui avait acheté ce cheval suspecta le vendeur de l’avoir empoisonné, car auparavant, ils avaient eu un différend entre eux. Il se rendit au tribunal trois jours de suite, mais le juge était à chaque fois absent. Il prit donc son cheval mort et l’emmena chez un vétérinaire. Les constatations de ce dernier furent sans appel ; elles prouvèrent qu’effectivement les suspicions de l’homme étaient justifiées. Quand le juge revint de son voyage, l’homme qui avait acheté le cheval se présenta devant lui. Le juge lui dit : « Pourquoi n’es-tu pas venu tout de suite afin que je puisse constater les marques de ce cheval ? » Le plaignant répondit :  « Monsieur le juge, cela fait maintenant trois jours que je cours sans cesse dans l’espoir de vous rencontrer, mais à chaque fois, vous demeuriez toujours absent. » Le juge dit alors : « Vous avez raison, ma mère vient de décéder et je suis parti dans ma ville natale pour être présent à ses funérailles. » Après un moment de réflexion, le juge se tourna vers son secrétaire et prononça son verdict : « il résulte de l’absence du juge de la cour une perte pour le plaignant. Par conséquent, les dommages supportés par le plaignant seront remboursés par le juge. »

En résumé, l’islam est une religion de justice pour tout ce qui est relatif aux aspects matériels et spirituels de l’homme. Naguère, nos ascendants respectaient également la justice et se comportaient avec droiture, même s’ils n’étaient musulmans que de nom, sans pratique efficace, ou bien même s’ils n’étaient pas convertis du tout. D’autre part, les musulmans qui ne se comportaient pas de manière correcte étaient nommés « musulmans incrédules ». L’islam pratiqué de façon sincère est capable de purifier l’âme de toutes ses imperfections ; seul l’islam a le pouvoir de transformer les individus en proie à leurs bas instincts en les emmenant du plus profond niveau de l’ignominie jusqu’à la plus éminente envergure. Le Prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) a dit à ce propos : « Si un serviteur d’Allah agrée l’islam et le met en pratique, toutes ses bonnes actions antérieures gardent toute leur validité et tous ses péchés antérieurs sont également effacés. Partant de ce fait, toutes ses bonnes actions seront récompensées de dix à sept cents fois (supérieur à sa valeur initiale). Cependant, son péché n’y est mentionné qu’une seule fois (dans les registres de ce serviteur) jusqu’au moment où Allah l’oublie entièrement. »

A l’aube de la révélation islamique, il y avait des gens qui étaient peu disposés à accepter les bons conseils et préféraient davantage suivre leurs bas instincts tels des esclaves de Satan. On trouve beaucoup d’exemples de ce genre au sein de l’histoire musulmane : bien que les Mecquois reconnurent la loyauté du Prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix), beaucoup d’entre eux refusèrent son message de vie. Leur conscience avait compris la réalité de l’islam ; malheureusement, ils furent dominés par leurs bas instincts et tombèrent dans l’abîme de l’incroyance.

De même, les juifs et les chrétiens avaient prédit depuis des siècles la venue du Prophète Muhammad mais, issus d’un peuple différent du leur et dominés par leur nationalisme et leur sectarisme, ils refusèrent de l’accepter. Les juifs, en particulier, ont surpassé tous les autres hommes par leur rejet de l’islam, étant donné qu’ils possédaient une longue histoire concernant le rejet et l’assassinat des prophètes d’Allah. L’évènement subséquent démontre clairement ce fait : un jour, le Prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) avait lu aux juifs le verset coranique suivant :
« S’ils te contredisent, dis leur : « Je me suis entièrement soumis à Allah, moi et ceux qui m’ont suivi. » Et dis à ceux à qui le Livre a été donné, ainsi qu’aux illettrés : « Avez-vous embrassé l’islam ? » S’ils embrassent l’islam, ils seront bien guidés. Mais s’ils tournent le dos Ton devoir n’est que la transmission (du message). Allah, sur ses serviteurs, est Clairvoyant. » (Coran, Al-Imrân, 3 : 20)

Après leur avoir récité ce verset, il leur demanda :
« Acceptez-vous l’islam ? »
Les juifs répondirent :
« Oui, nous l’acceptons. »
Sur ces entrefaites, le Prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) leur posa la question suivante :
« Acceptez-vous également que Jésus (que la paix soit sur lui) soit la parole d’Allah, Son serviteur et Son messager ? »
Ils répondirent :
« Non, qu’Allah nous préserve d’une telle erreur ! »
Par conséquent, en rejetant Jésus (que la paix soit sur lui) et ne le considérant pas comme un prophète d’Allah, ils devinrent incrédules, rejoignant ainsi les autres malheureux incrédules.
Il demanda alors aux chrétiens :
« Attestez-vous que Jésus (que la paix soit sur lui) soit la parole d’Allah et Son messager ? »
Les chrétiens répondirent :
« Comment est-il possible que Jésus soit une créature d’Allah ? Il est le fils d’Allah. »
A une autre occasion, le Prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) alla dans une école de lettrés juifs et les invita à l’islam. Nuaim ibn Harith et Zaid lui demandèrent :
« Quelle religion professes-tu ? »
Le Prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) leur répondit :
« Je professe la religion d’Abraham »
En entendant cette réponse, ils s’exclamèrent :
« Abraham était juif ! »
Le Prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) leur dit alors :
« Dans ce cas, accepteriez-vous la Torah comme médiateur ? »
Les juifs hésitèrent pour finalement décliner l’offre.
Il y avait parmi eux un fameux savant nommé Abdullah ibn Salâm ; les juifs l’avaient toujours loué pour son savoir. Mais lorsqu’il embrassa l’islam, ces derniers cessèrent de le louer et commencèrent même à le maudire ; ils modifièrent par la suite tous les passages des Ecritures relatives à l’avènement du Prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix). Le Saint Coran évoque cet évènement en ces termes :
« Malheur donc à ceux qui, de leurs propres mains, composent un livre puis le présentent comme venant d’Allah pour en tirer un vil profit ! Malheur à eux, donc, à cause de ce que leurs mains ont écrit, et malheur à eux à cause de ce qu’ils en profitent ! » (Coran, Al-Baqara, 2 : 79)
« Il en est parmi les Juifs qui détournent les mots de leur sens » (Coran, An-Nisa 4 : 46)

Ces faits démontrent que les juifs et les chrétiens changèrent les principes de leur religion selon ce qui les arrangeait en détruisant de la sorte la nature authentique de leurs enseignements. De nos jours, la plus ancienne copie de la Torah remonte au 9ème siècle avant Jésus-Christ et, par conséquent, une longue période sépare Moïse de l’époque où la Torah fut compilée. Ceux qui appelèrent à la réforme de l’islam ont malheureusement le même discours. Comme avant, ils dissimulent leurs desseins cachés derrière des propos agréables.

L’esprit humain est incapable d’appréhender le véritable sens de la sagesse et les desseins cachés de l’univers parce que celui-ci fut créé par l’omniscience et l’omnipotence d’Allah. Allah le Très-Haut est Celui qui connaît le mieux la nature de l’homme parce qu’Il en est le Créateur. En conséquence, les prescriptions et les restrictions divines concernant l’existence de l’homme sont en accord avec sa nature essentielle. Un esprit qui n’a pas été modelé selon la révélation divine est incapable de comprendre ces réalités puisque seul un esprit en bonne santé ne déniera pas le fait que le Créateur est Celui qui connaît le mieux Sa création ; Allah le Très-Haut étant seul capable de le conduire vers la meilleure voie d’existence. En conséquence, nous pouvons affirmer que l’islam est la seule religion théoriquement modelée sur cette nature.

Allah le Très-Haut, par Sa bonté infinie, a révélé l’islam à l’humanité en le définissant comme religion universelle. Par le biais de l’islam, le Créateur a conçu un système idéal et accessible pour tout ce qui concerne l’existence. En tant que religion, l’islam est capable de répondre à toute question qui touche à la vie en général et qui se manifeste dans l’esprit de l’homme. Par exemple, les rêves transcendent la réalité de nos existences physiques en résidant dans notre esprit. Pourtant, l’islam évalue ces rêves en y apportant l’interprétation de leurs significations. Tout système de valeurs sur lequel sont basés des lois qui ne tiennent aucun compte des caractéristiques inhérentes à la nature humaine sera finalement ignoré par elle. Par exemple, les Catholiques passent sous silence le besoin naturel de fonder une famille en interdisant aux moines et aux religieuses de se marier. Une telle loi rentre en conflit avec la nature humaine et la pousse, en fin de compte, à la désobéissance.

La nature humaine renferme des caractéristiques constantes et inconstantes. Les systèmes religieux qui ignorent les caractéristiques immuables de la nature humaine ne peuvent pas indéfiniment conserver leur validité, car cette nature dépasse les limites extérieures qui lui sont prescrites. Par exemple, l’Europe de l’ouest a souffert des affres d’un christianisme falsifié ; pourquoi ? Parce que ses habitants l’ont banni de leur existence puis ont restreint ce christianisme à l’intériorisation des limites de l’Eglise. Malheureusement, nombre de chrétiens ont quitté leur religion à cause des tendances non naturelles de la foi chrétienne ; croire étant une tendance naturelle, certains « chrétiens » ont fini par croire en Satan. L’islam, en revanche, prend en considération la nature divine de l’homme et est en mesure de lui assurer, avec le temps, une sérénité pérenne. Donnons un exemple : les femmes sont de nature plus émotive que les hommes ; par conséquent, dans certaines circonstances, elles ne peuvent pas être tenues légalement responsables en termes de témoignage, sans quoi la justice ne pourrait pas être appliquée.

Les commandements d’Allah empêchent les aspects négatifs de l’homme de se développer en exerçant un contrôle permanent sur ses manifestations. Au-delà de ce fait, ces commandements divins nous assistent en développant nos traits de caractère positifs. Qui plus est, l’islam nous accorde la liberté d’organiser notre existence selon nos critères circonstanciels, mais également selon des domaines de l’existence sujette au changement. Sachons que c’est pour notre bien que cette liberté nous est accordée ; à ce niveau, il n’y a pas de principe définitif puisque les aspects de la vie changent aussi. Par conséquent, l’islam est une religion réaliste qui s’adresse à la réalité de la nature humaine. Il est aussi utile de spécifier que le genre humain tend naturellement vers ce qui est positif plutôt que le contraire ; ceci à la condition que cette nature soit vraiment libre de toute pression contextuelle afin de s’y conformer. Afin de mettre en évidence ce point particulier, le Prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) affirma que tout nouveau-né est porteur d’une nature islamique. (Bukharî, Janaiz, 92)

Abû Hurayra relate :
Le Prophète Muhammad (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) a dit aussi :
« Tout nouveau-né vient au monde en conformité avec la prime nature (l’islam) et ce sont ses parents qui font de lui un juif, un chrétien ou un adorateur du feu »

(Bukharî, volume 2, livre 23, N° 467)

C’est grâce à la miséricorde d’Allah, entière et absolue, dépassant Sa colère, que la paix et la tranquillité règnent dans l’univers. Dans une forêt, on peut observer que les animaux petits et faibles cohabitent avec les forts. Eh bien, la même chose est valable pour l’homme puisqu’il est intrinsèquement le principe de l’univers. Bien que ce dernier possède à la fois des qualités positives et négatives, à condition que les premières dépassent en quantité les secondes, il y a cependant un facteur déterminant qui survient lorsque les caractéristiques négatives sont incapables de se manifester extérieurement. Or, cette nature positive est toujours corrompue par les influences sociales contextuelles comme nous l’avons considéré dans le hadith susmentionné. L’islam, par le mode de vie qu’il nous propose, agit de manière à préserver cette pure nature humaine ; par ce moyen, l’islam permet que la pureté spirituelle de l’homme puisse briller à travers elle. Toutefois, sachons tout de même qu’en islam, les aspects négatifs ne peuvent pas être entièrement effacés. Par exemple, au lieu de laisser cours aux désirs sexuels comme préconisent certains systèmes psychologiques modernes, l’islam prescrit l’organisation de l’expérience sexuelle autour des valeurs du mariage, de la famille et de la descendance. Par le biais du mariage, l’islam facilite l’expression des désirs naturels. Cet état doit être capable d’orienter la vie sexuelle en fonction du plan divin en encourageant le désir de procréer.

Concernant tout ce qui a trait aux ressources matérielles, l’islam enseigne que toute chose en réalité appartient à Allah. Les croyants sont amenés à utiliser leurs ressources pour que les autres puissent en bénéficier au lieu de se les approprier de manière égoïste. L’islam nous charge de cultiver l’estime et la coopération avec autrui plutôt que de garder les choses jalousement pour soi.

L’islam organise dans le même sens les facultés intellectuelles de l’homme en y enracinant toutes les données intellectuelles sur la base de la révélation. Sans cet appui nécessaire, la réflexion intellectuelle est capable d’emmener l’homme vers des conséquences ridicules. C’est à cause de cela que les philosophes ont toujours nié les réalités des uns et des autres : à Athènes, dans l’Antiquité, voler était un acte considéré comme appréciable dans le cas où le voleur ne se faisait pas attraper. Les voleurs étaient tolérés et non punis puisque leur larcin était considéré comme un acte hautement intelligent. Quoique le vol soit une injustice qui saute aux yeux, il ne pouvait pas être intellectuellement perçu sans que n’intervienne la révélation divine. Si de façon cognitive l’esprit humain échoue à percevoir ce qui va de soi, alors comment peut-il espérer percevoir ce qui est vrai lorsqu’il est confronté à d’autres thèmes plus complexes ? Quand la raison est acceptée comme seul juge, il y aura alors des temps où les deux côtés paraîtront justes et la justice ne prédominera pas.

En voici une bonne illustration :
« A Athènes, dans l’Antiquité, un étudiant en droit qui désirait être un homme de loi s’était arrangé avec son professeur pour obtenir les compétences nécessaires. L’étudiant assurerait la première moitié des cours à la fin de sa formation, et l’autre moitié après avoir remporté sa première affaire en justice. Or, cet étudiant, après avoir terminé sa formation, déclara à son professeur que le premier acompte versé avait suffit pour honorer ses services ; il déclara en outre qu’il ne paierait pas la seconde tranche s’il venait à remporter une autre affaire.

Le professeur de droit saisit son étudiant et l’emmena au tribunal, car ce dernier avait immanquablement rompu son contrat. Ce jour même, leur cas fut présenté devant le juge.

Le professeur dit à ce dernier :
« Dans tous les cas, j’obtiendrai ma rémunération, que je perde cette affaire ou que je la remporte. » Le juge demanda : « Comment cela ? » Le professeur s’expliqua : « Si je gagne ce procès, cet étudiant me paiera le coût des études comme une obligation consécutive à votre verdict. Dans le cas où il ne paie pas, il refusera votre verdict et cela s’avère impossible. Par contre, si je perds ce procès, mon étudiant le gagnera et, en fonction de notre accord passé, je suis supposé prendre en charge le coût de ses études aussitôt qu’il aura remporté sa première affaire. »

L’étudiant, qui était un garçon compétent, dit alors : « Au contraire, que je gagne ou que je perde, je ne paierai pas. » Le juge lui demanda d’expliquer son raisonnement. L’étudiant répondit : « Si je gagne l’affaire, je ne le paierai pas car il sera contre le verdict de ce tribunal et cela n’est pas acceptable. Par contre, si je perds cette affaire et selon l’accord préalablement conclu, je ne devrais donc rien payer. »

Comme on peut le constater dans ce récit, la raison est capable de parvenir à des conclusions contradictoires avec tout autant de démonstrations présentables. Il y a donc une répercussion inéluctable quand on ne tient pas compte de la révélation. L’islam, en accentuant le sens du respect des droits d’autrui, est en mesure d’apporter une dimension différente aux relations qui peuvent exister entre adversaires. L’islam enseigne à l’homme qu’il doit davantage penser aux besoins des autres qu’aux siens. Le hadith qui dit « N’a pas cru en moi celui qui dort le ventre plein tandis que son voisin à ses côtés a faim et il le sait » atteste clairement de cette réalité. L’islam, en ce sens, appelle au partage, à l’humanitaire et à l’amour entre frères et sœurs. Avant l’avènement de l’islam, les Arabes étaient réputés pour leur haine, leur hostilité ; ils avaient coutume de piller les autres tribus lors d’affrontements sanglants. Leur insensibilité était telle qu’ils avaient pour habitude d’ensevelir leurs filles vivantes, étant donné que pour eux, il était déshonorant d’avoir une fille. Ils ne cessaient jamais de se quereller ; ces différends se terminaient la plupart du temps dans un bain de sang : le fort écrasait le faible et la loi favorisait toujours le fort.

Mehmet Akif, le célèbre poète turc, décrivit en ces termes cette abominable condition sociale  :
« Si un homme n’a plus de dents, c’est parce que ces frères les lui ont mangé. »

Pourtant, avec l’avènement de l’islam, les Arabes devinrent les individus les plus vertueux et les plus nobles du monde. Ceux-là même qui, auparavant, étaient avides de sang, atteignirent une position qui les incitait à considérer le bien d’autrui avant le leur, même si cette position devait les conduire à la mort. L’évènement suivant, relaté par Hadrat Hudayfa, démontre le niveau de bonté et de générosité que la toute première communauté avait atteint. Lors de la bataille de Yarmuk, Hudayfa se mit à la recherche de survivants sur le champ de bataille. Voici son récit :
« Je vis mon cousin Harith baigner dans une mare de sang. Je me précipitai immédiatement pour lui offrir de l’eau mais, au moment où il allait boire, la voix d’Ikrima retentit : ‘ De l’eau, de l’eau, pour l’amour d’Allah !’

Harith dirigea son regard vers Ikrima et retira ses mains de l’outre remplie d’eau, signifiant par ce geste que je devais la porter à Ikrima. En y parvenant, nous entendîmes la voix d’Iyash : ‘De l’eau, de grâce, de l’eau !’

Tout comme Harith, Ikrima refusa de boire ; je me précipitai ensuite vers Iyash, mais il n’eut pas le temps de boire car il venait de mourir à l’instant même. Puis, je repartis en courant pour donner de l’eau à Ikrima, mais lui aussi venait d’expirer. Stupéfait, je fis la même chose à l’égard de Harith mais, malheureusement, il venait également de mourir.

Trois combattants, qui nourrissaient l’intention de devenir des martyrs, préférèrent renoncer à cette eau pour que son frère puisse d’abord en bénéficier. Ainsi donc, avant de rendre le dernier soupir, ils n’eurent pas le temps d’obtenir ce qu’ils voulaient à l’instant même, mais obtinrent ensuite le rang de martyr sans avoir pu boire une seule goutte d’eau. »

Ce récit exemplifie les normes élevées de l’éthique islamique qui s’est largement concrétisée dans la vie des premiers disciples. Ces mêmes personnes qui, au temps de l’ignorance, prenaient plaisir à s’entretuer. Grâce à l’islam, leurs cœurs ont été  enveloppés par la faveur et la miséricorde divine. Ce fait était d’une telle ampleur que, plus tard, cette époque fut référencée par les Musulmans comme « l’Age du Bonheur » (Asr-al-Saadah).

Allah le Très-Haut nous rappelle la nature de cette faveur immense dans le verset coranique suivant :
«  Et rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous : lorsque vous étiez ennemis, c’est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par Son bienfait, vous êtes devenus frères. Et alors que vous étiez au bord d’un abîme de Feu, c’est Lui qui vous en a sauvé. Ainsi, Allah vous montre Ses signes afin que vous soyez bien guidés. » (Coran, Al-Imrân, 3 : 103)

Ce verset s’adresse à toute l’humanité par l’entremise du caractère exceptionnel des compagnons du Prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix)

La même histoire est également vraie dans le cas des Turcs. Avant l’avènement de l’islam, ils n’avaient pas bonne réputation selon les annales de l’Histoire. Attila n’avait laissé que carnages et pleurs durant ses 7000 kilomètres de campagne. Cependant, après avoir été valorisée par l’islam, cette nation est devenue l’une des plus nobles de la terre, pleine d’amour et de miséricorde pour l’humanité. En dehors de cette miséricorde, ils s’adressaient ainsi à leurs ennemis :
« Tu es si cruel, Ô miséricorde ! Tu as rendu, pour nous, notre ennemi charmant. »

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