L’été dans la tradition soufie

<<Le monde visible n’est qu’un gigantesque trésor de paraboles, un livre d’images à déchiffrer. Mais qu’il faut savoir interpréter. >> (Tierno Bokar )

Tierno Bokar veut à ses « frères réfléchis » , un cœur ouvert, de la bonne volonté, une âme ardente. Il nous pousse à  rechercher sans relâche des choses spirituelles, les seules durables…

L’été, c’est la saison qui se prépare au cœur de l’hiver et dans l’alchimie du printemps.

L’été, est l’image  du rayonnement de la nature, symbolise ainsi l’entrée dans l’état adulte , l’état de spiritualité élevé ,  de la chaleur, de l’amour épanoui, de la pleine possession de ces moyens afin de se  rapprocher de Dieu  , ainsi que la maîtrise total de l’ego . L’été est le moment de la maturation et d’une certaine quiétude .

C’est maintenant , le temps des moissons et des récoltes ; l’instant où nous allons constater si la graine semée en terre quelques mois auparavant est de qualité. S’il s’avérait le contraire, il faudrait alors attendre un nouveau cycle pour recommencer car il n’est plus temps de semer. Chaque chose porte en elle un commencement et une fin. Chaque commencement est une fin et chaque fin est un commencement.

L’arbre donne ses fruits pour nous nourrir ; notre fruit (notre travail intérieur) rend visible à nos yeux ce que l’on ne voyait pas. Si la récolte n’est pas bonne, alors cent fois sur le métier il nous faudra remettre notre ouvrage.

L’été, c’est aussi la saison où la lumière est à son apogée.  Une lumière  et une chaleur qui envahissent notre esprit  , par leurs ressentis extérieur , leurs sensations en deviennent  intérieur.

Par exemple, si une personne contemple un feu. Lorsque l’image du feu envahit l’esprit, la représentation mentale de la chaleur et de la température du feu sont ressenties par l’esprit de la personne. Une personne qui se trouve dans un jardin en ressent la fraîcheur et la quiétude , le calme ,  des arbres et des plantes qui s’y trouvent.  Les impressions  marquent l’esprit ,c’est pourquoi l’été est propice à l’amour … et quel amour serait plus pur que celui qu’on revoie à L’ Expéditeur  , Lui la source de L’ Amour , le Créateur des Saisons , Lui qui fit l’été chaud et  lumineux  et si IL le veut… favorable à Son  Amour .

 

Au nom de Dieu, le Créateur de l’Amour

La chaleur vient du coeur. Elle symbolise presque toujours un sentiment d’amour et de bien-être intérieur. La chaleur est toujours en rapport avec l’affectif .  Le mouvement , comme celui des saisons ,   est  l’existence même du  monde ,  un mouvement d’ amour , comme l’indique la parole de Dieu à travers Son prophète  Mohammed  : << J’étais un trésor caché . Je voulus être connu , et J’ai crée le monde >> ; s’ il n’y avait pas cet amour divin , le monde n’eût pas été manifesté .

Pour Rûmî ,  l’homme est semblable à une boule de feu suivant sa trajectoire vers le bonheur et la joie. L’ardeur et l’émotion que procure l’arrivée à la Présence divine se situe à ses yeux bien au-delà du rayon d’action de la raison. C’est l’amour qui met les coeurs à l’oeuvre, en mouvement, qui fait agir. L’amour est la monture des esprits, c’est à travers lui que l’on connaît toute chose .

“L’amour est une ascension vers la terrasse du Roi de Beauté ,

Lis dans le visage de l’amoureux le récit de l’ascension .”

Rûmî nous  enseigne qu’il est impossible de parvenir à Dieu par la démarche ordinaire d’une vie mécaniquement rythmée par les seuls actes exotériques, sans bouillonnement intérieur. On ne peut atteindre le but de toute  âme aspirante  “le retour” ,  que sur la monture de l’amour. Comment endosser cette monture ?  Par Son rappel …

Tierno Bokar   dit : <<Répéter sans cesse le nom d’Allah ou la formule attestant l’unicité de Dieu est un sûr moyen d’introduire en soi à souffle qui entretiendra en nous la chaleur mystique.»

L’amour entre l’Alif  et le Lâm

Lorsque l’alif et le lâm se tinrent en compagnie , chacun d’entre eux éprouva un penchant pour l’autre . Ce penchant est à la fois de la passion amoureuse et de l’ intérêt . Or il n’est pas de penchant sans mouvement amoureux . Le mouvement du lâm est donc essentiel et celui de l’alif contingent . Le pouvoir du lâm s’exerça sur l’alif pour provoquer en lui le mouvement . Le lâm est donc ici plus fort que l’alif , car il est plus fortement épris ; son énergie spirituelle ( himma ) est d’une existence plus parfaite et d’une efficience plus accomplie . L’alif est moins épris d’amour , et moindre l’attachement de son énergie spirituelle au lâm , si bien qu’il ne put se tenir droit . En effet celui dont l’énergie spirituelle est plus forte a nécessairement l’initiative de l’acte aux yeux de << ceux qui ont éprouvé la réalité des choses >>( muhaqqiqûn ) . Tel est le lot du soufi et la station qu’il ne saurait dépasser . S’il se transporte toutefois vers la station des “muhaqqiqûn”  , il parviendra certes à une connaissance supérieure . Selon celle – ci , le penchant de l’alif n’est pas dû à l’effet sur lui de l’énergie spirituelle du lâm , mais à sa descente pleine de grâces subtiles vers le lâm , pour que le désir amoureux s’empare de ce dernier . Ne vois- tu pas le lâm replier son jambage pour envelopper la hampe de l’alif , de peur qu’il ne lui échappe . Le penchant de l’alif vers le lâm est donc une descente comparable à celle de Dieu vers le ciel inférieur , et la crainte du lâm est comparable à celle des << hommes de la nuit >> dans son dernier tiers.

Le penchant du lâm , pour le soufi est celui qu’éprouvent ceux dont s’empare l’extase amoureuse et qui la recherchent . Pour le “ muhaqqiq” , le motif du penchant est la connaissance chez l’un et l’autre , chacun selon sa réalité propre .

Un autre secret est que le lâm  et l’alif , lorsqu’ils se mélangent et s’assemblent pour former le lâm et l’alif , se cachent l’un et l’autre. De même la Réalité divine, lorsqu’elle « s’assemble » avec les créatures en mode strictement conceptuel , se cache au regard de ceux qui sont spirituellement voilés: ceux-là ne voient que les créatures. Inversement, ce sont les créatures qui disparaissent sous le regard des maîtres de l’Unicité de la contemplation , car ils ne voient que Dieu seul. Ainsi, Dieu et les créatures se cachent l’un et l’autre (comme le lâm et l’alif ) ,  mais de deux points de vue différents.

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<< Quand la chaleur de l’amour d’Allah atteint le coeur les yeux débordent de larmes.>> (Ibn Al-Qayyim )

Et voilà qu’arrive  l’automne ….

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