Saintes soufies musulmane (chapelet n°2)

Dés les débuts du soufisme, hommes et femmes ont parcouru le chemin qui mène à la réunion avec la Source de l’être, à titre égal. Bien que dans ce monde de dualités, nous risquons de nous retrouver sous différentes formes, en fin de compte il n’y a ni homme ni femme, seul l’être intérieur compte. Dans la tradition soufie, la reconnaissance de cette vérité a encouragé la maturation spirituelle des femmes. Elles ont joué, dés le départ, un rôle important dans le développement du soufisme suivant les enseignements du Prophète Mohammed (que la paix soit sur lui).

Il a apporté un message qui encourage l’intégration et la reconnaissance de l’esprit féminin, de son rôle, de sa matière, de son essence dans l’adoration ainsi que dans la vie quotidienne. Bien que les manifestations culturelles en la matière sont plus connu que la pureté originelle de l’intention du Coran et de la Sunna, les mots du Coran et les paroles du Prophète Mohammed (que la paix soit sur lui), eux véhiculeront toujours l’égalité du féminin et masculin dans le culte.
La survie de ces épîtres rayonne sur ce magnifique chapelet, formé de perles lumineuses. Trois de ses perles captive notre attention ici. Trois femmes, trois enseignements, trois exemples de piété au féminin. Ces femmes qui ont jouées un rôle dans le cheminement spirituel du théologien et maitre soufi arabe Ibn ‘Arabi.

Nunah Fatima de Séville

Prestigieuse figure de l’islam, Ibn ‘Arabi est l’un des théoriciens de l’ésotérisme musulman; son oeuvre domine la spiritualité islamique depuis le XIIIème siècle. Il peut être considéré comme le pivot de la pensée métaphysique de l’islam ».
Ibn ‘Arabî semblent avoir été spécialement marqué par une amitié spirituelle avec une femme vénérable, Nunah Fatima bint ibn al-Muthanna, surnommée Fâtima de Cordoue, une sainte andalouse. Celle-ci fut pour lui une mère spirituelle. Cette vénérable femme de science, malgré son âge très avancé, était encore d’une beauté et d’une grâce telles que l’on aurait pu la prendre pour une jeune fille de quatorze ans. Sa beauté était régénérée par l’amour de Dieu. Si bien que le jeune Ibn ‘Arabî ne pouvait se défendre de rougir quand il devait la regarder en face. Sa sourate préférée était la
Fâtiha. Elle disait : « La Fâtiha m’a été donnée. Elle est à mon service pour tout ce que je veux faire. »
Elle avait de nombreux disciples et, pendant deux ans, Ibn ‘Arabî fut de leur nombre.

Sa vie :

Fatima est né à Cordoue en Espagne et a choisi de s’engager sur la voie spirituelle étant jeune fille. Elle a ensuite déménagé à Séville et a épousé un homme juste, qui fût éprouvé de lèpre. Elle le servi joyeusement et consciencieusement, pendant vingt-quatre ans, jusqu’à son décès. Elle vivait grâce à la filature, mais elle fût bientôt contrainte de renoncer à cette profession après avoir été blessé à ses doigts. Elle pris cela comme un signe et à partir de là vécu dans des conditions très précaires, subsistant de dons et d’aliments rejetés par les autres.
Elle soufrait de faim mais elle disait cependant «Seigneur, comment puis-je mériter cette position dans cette vie, Vous me traitez comme Vous avez traité vos proches ? »
Ibn ‘Arabi, et deux de ses compagnons lui construisirent une hutte de roseaux, dans laquelle elle vécu simplement, jusqu’à sa mort.

La rose des vents d’ ibn ‘Arabi :

Ibn ‘Arabi était un jeune homme quand il a emménagé à Séville avec sa famille pour recevoir son éducation formelle. Il a étudié sous différents maîtres, l’un d’eux étant Fatima Nunah. Il la servi pendant plusieurs années et avait beaucoup de respect pour elle, la décrivant comme « une miséricorde pour le monde ».

Elle avait une attitude très bienveillante envers Ibn ‘Arabi et il se réfère à elle comme sa propre mère. Il nous raconte:
“Elle lui disait : «Je suis votre mère spirituelle et la lumière de votre mère terrestre ». Quand ma mère est venue lui rendre visite, Fatima lui dit: « O lumière, c’est mon fils et il est votre père, traitez le avec respect filial et ne le détestez pas ».”

Ses miracles:

Parmi les Faveurs divine et les miracles impartis à Fâtima de Cordoue, elle avait « à son service » la sourate Fâtiha (celle qui ouvre le Coran). Ibn ‘Arabi nous conte :
“Je suis venu à connaître son rang élevé quand j’ai observé que la sourate Fatiha, le chapitre d’ouverture du Coran, l’aidait dans n’importe quelle tâche, qu’elle souhaitait observées.”

Ibn ’Arabi nous reconte ce prodige :

“Un jour, quand j’étais avec elle, une femme est venue la voir pour se plaindre de son mari, qui était parti pour Jerez de Sidonia. Elle nous dit que son mari voulait chercher une autre femme dans ce lieu, Situation qu’elle trouvait difficile à accepter. J’ai demandé à Fatima si elle avait entendu la plaidoirie de la femme et la priai de faire appel à Dieu pour ramener son mari à ses côtés. Elle dit: «Je ne ferai aucune supplication, mais je ferai que: «le chapitre de L’ouverture » (Al-Fatiha), suive son mari et le ramène à elle. Je dit alors : «Au nom de Dieu, le Miséricordieux, le Compatissant », et elle récita le reste du chapitre de la fatiha. Puis elle dit : « allez à Jerez de Sidonia où vous trouverez le mari de cette femme et vous le ramènerez ». (Ibn ‘Arabî et Fâtima récitérent ensemble la sourate Fâtiha, et lui donnèrent ainsi sa forme consistante, personnelle et corporelle, bien que subtile et éthérique. La sourate remplit sa mission, après quoi Fâtima récite une invocation, d’une profonde humilité. L’explication de ces faits, Ibn ‘Arabî nous la donnera lui-même dans des pages qui décrivent les effets de l’énergie créatrice produite par la concentration du cœur (la himma). Il conviendra également de nous souvenir l’épisode, de la “méthode d’oraison théophanique” d’Ibn ‘Arabi. Ce dialogue d’une Prière qui est créatrice parce qu’elle est simultanément Prière de Dieu et prière de l’homme. )
Le troisième jour, l’homme est arrivé à son domicile. Puis la femme est venue pour nous informer de son arrivée et pour nous remercier. Je lui ai alors dit de ramener son mari à nous. Quand il est venu nous lui avons demandé ce qui l’avait ramené de Jerez, où il avait l’intention de se marier et de s’installer. Il a répondu qu’il avait quitté sa maison au milieu de l’après-midi vers le bâtiment municipal pour le mariage et avait ressenti une constriction dans son cœur et tout semblait soudain très sombre pour lui. À cela, il est devenu très anxieux. Puis il a quitté cet endroit et est arrivé à Triana avant le coucher du soleil, où il avait trouvé un bateau pour Séville. Ainsi, il avait navigué la veille et était arrivé à Séville, ce matin, après avoir laissé tous ses bagages et effets derrière à Jerez. Il a admis qu’il ne savait toujours pas pourquoi il avait fait cela.”

Sa vénération pour Fatima semble l’avoir préparé à sa très forte inclinaison pour les femmes saintes. Il en rencontra une autre remarquable parmi les soufis : Shams “la mère des pauvres”, âgée de plus de quatre-vingts ans. Il la décrivit comme une mystique des plus haut rang, douée d’une intuition peu commune mais qui, le plus souvent, tenait secret son niveau spirituel élevé.
Il côtoya aussi une esclave, dont le nom n’est pas cité. Elle était connue pour sa parfaite maîtrise de soi. Elle était capable de parcourir de grandes distances en l’espace d’un instant, s’entretenait avec les montagnes et les pierres et leur souhaitait “ la bienvenue”.
Deux autres rencontres laissèrent des traces dans la vie de l’andalou : Zainab al Qaliyya et Nizam.

Zaïnab al – Qaliyya

Zaïnab était autrefois connue pour sa richesse et sa beauté, elle s’était retirée dans la ville sainte de la Mecque. Elle y était considérée comme une ascète éminente et comptait bon nombre de soufis parmi ses amis. C’est la qu’elle rencontra Ibn ‘Arabi.
Il nous la décrit comme une femme ponctuelle dans ses prières, qui pratiquait la méditation.
Il entreprit avec elle un voyage à Jérusalem. Ce qui démontre de l’estime qu’il avait pour cette sainte femme.

Nizam

Ibn ‘Arabi rencontra lors d’un pèlerinage à la Mecque une femme persane nommée Nizam. Elle était la fille de l’Imam du Maqam Ibrahim dans la ville sainte. Il la croisa alors qu’il faisait la circumambulation de la Kaaba tout en récitant, extatique, des versets. La jeune femme l’entendit et fit une interprétation de ces versets qui le plongea dans un suprême ravissement. De cette rencontre résulta un recueil de poèmes, connu sous le titre “Tardjuman al-achwaq”, (Le chant de l’ardent désir). En voici un extrait :

« Je m’étonne de l’amoureux dont les beautés Miroitent dans fleurs et jardins ! »
Et moi à elle : « Ne t’étonne pas de qui tu vois, Ce que tu as vu est toi-même dans le miroir d’un homme ! »

***

L’attitude d’Ibn ‘Arabi envers les femmes constitue un grand chapitre à part dans sa vie.
Un chapitre du soufisme qui montre que les femmes, comme les hommes, peuvent etre considérées comme réceptacles des manifestations les plus gracieuses de l’Unique. Car non seulement la « partie » (la femme étant créée à partir d’une côte d’Adam) cherche à rejoindre le tout mais le tout cherche également à rejoindre la partie séparée de lui. L’homme et la femme sont indissolublement liés. Seule leur cohabitation harmonieuse, l’éternelle relation créatrice, tel le soleil et la lune, le jour et la nuit, la chaleur et le froid, constitue la véritable vie.

 

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