La conception islamique du soufisme

Nous pensons que le soufisme purement islamique est une révélation céleste. Le Très Haut dit :  » Mais soyez « seigneuriaux » puisque vous enseignez le Livre et puisque vous l’étudiez ». La « Rabbaniyyah » n’est donc autre chose, dans nos usages terminologiques, que le soufisme. Or la science et l’étude qui forment, selon ce verset, la base de cette « Rabbaniyyah » exigent nécessairement de donner le bon exemple. (…).

Les Gens du Banc (Ahl al-Suffah) sont les Gens de la « Rabbaniyyah » en Islam, qui sont en l’occurrence les soufis. Le Coran a rendu hommage aux Gens du Banc en recommandant au Prophète de faire preuve de patience avec eux ; ce sont, en effet, les « serviteurs du Miséricordieux », dont les qualités sont exposées dans la Sourate al-Furqan. Il s’agit de gens aux qualités de comportement que le Coran, dans plusieurs endroits et de différentes manières, attribue aux croyants, aux pieux, aux bienfaiteurs, à ceux qui sont patients.

Parmi les qualités les plus caractéristiques des soufis s’illustrent celles qui sont citées dans le Coran :  » Ce sont ceux qui se repentent, qui adorent, qui louent, qui parcourent la terre (ou qui jeûnent), qui s’inclinent, qui se prosternent, qui commandent le bien (convenable) et interdisent le blâmable et qui observent les lois d’Allah. » Ils sont, donc, les bien-aimés d’Allah qui méritent la bonne annonce dans les deux vies (présente et future).
Le Soufisme relève donc de la révélation divine et de la tradition prophétique au plus haut degré. (…). Il en est l’essence du dhikr, le remède des coeurs et le chemin du savoir et l’ascension vers les vertus les plus nobles.
Le Soufisme, en tant que quête vers la perfection de l’âme des hommes de la religion et de la patrie, devient une obligation individuelle (fard ‘ayn) qui incombe à tout musulman et à toute musulmane. Quiconque la néglige commet un péché (…).

Le Soufisme est une Réalité seigneuriale unique, jaillie du Coran et de la Tarîqah, qui commence par le repentir (tawbah) et aboutit à la Connaissance effective directe (ma’rifah). Quant à la diversité des méthodes d’éducation, de cheminement initiatique (sulûk), d’adoration et d’exercices spirituels, c’est une nécessité inhérente à la quête spirituelle ; tout cela relève des fondements mêmes de la religion, ainsi que de ses diverses branches, et réalise l’harmonie entre toutes les branches de la Da’wah, laquelle doit répondre à la diversité des gens, des biens, des dispositions et aptitudes : « A chacun une orientation vers laquelle il se tourne », « Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers ».

Il en résulte que la diversité des noms des voies initiatiques régulières (al-turûq al-shar’iyyah) ainsi que la multitude de ses Maîtres (chefs spirituels) s’expliquent par la diversité des moyens adoptés qui conduisent à la même source et au même objectif : « Et à chaque peuple un guide ».

Nous parlons ici du Soufisme blanc et pur, qui n’a rien à voir avec le Soufisme pratiqué par d’autres dans le passé, dans le présent ou dans l’avenir. C’est pourquoi nous avons une bonne opinion de tout ce que l’on attribue aux vrais soufis à condition qu’il soit susceptible d’avoir plusieurs interprétations :  » Et chacun sera jugé selon ses intentions « .
De plus, s’il est probable qu’un soi-disant soufi ne se conforme pas aux règles de la Da’wah, soit par erreur soit par corruption, la faute lui incomberait à lui seul et il ne serait donc pas juste de l’attribuer à la Da’wah (…) car le Soufisme-Taçawwuf est une chose et celui qui suit une Voie initiatique (al-moutaçawwif) en est une autre, tout comme l’Islam est une chose différente du musulman. L’égarement du musulman ou de celui qui est rattaché au Taçawwuf, en tant qu’homme, n’implique pas forcément celui du soufisme, en tant que doctrine, ou de l’Islam, en tant que religion  » Allah distingue celui qui sème le désordre de celui qui fait le bien « .

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